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L'ENLEVEMENT
Lundi 3 juin 1974, Marie-Dolorès
Rambla, joue avec son frère Jean, dans la cour de la cité
Sainte-Agnès.
Ils sont accostés par un homme en
voiture qui leur demande de les aider à retrouver son chien noir
qu’il vient de perdre. L’homme demande à Jean de faire le tour de
l’immeuble et invite Marie-Dolorès à monter avec lui en voiture
pour faire le tour du quartier. A son retour, Jean ne retrouve pas
sa sœur. Pierre Rambla, le père des deux enfants, se met à la
recherche de sa fille, sans succès.
La police de Marseille est saisie de
l’enquête. Fait rare et inespéré pour les enquêteurs, ils
disposent de deux témoins directs de l’enlèvement de
Marie-Dolorès : Jean d’une part, et Eugène Spinelli d’autre part,
garagiste-carrossier dont le garage se situe à quarante mètres du
lieu de l’enlèvement.
Jean Rambla décrira le ravisseur comme
un homme jeune, grand, aux cheveux noirs et courts, portant un
costume gris, parlant avec un accent méridional. L’homme possédait
une voiture grise et devant les enquêteurs, l’enfant désignera un
modèle Simca 1100.
Eugène Spinelli donnera le signalement
d’un homme d’une trentaine d’année, mesurant environ un mètre
quatre-vingts, de corpulence mince, avec des cheveux courts et
châtain clair, au visage de forme allongée et ne portant ni
moustache, barbe ou favoris. Il était vêtu d’une veste claire et
d’un pantalon de couleur foncée. Le témoignage est complet sans
être précis. En revanche, c’est sur la voiture conduite par
l’homme que M. Spinelli sera plus précis. Comment s’en étonner,
compte tenu de sa profession ? Il indiquera aux enquêteurs qu’il
s’agissait d’une Simca 1100 de couleur gris clair. Il a vu une
fillette y prendre place côté passager, tandis que l’homme prenait
place au volant du véhicule.
M. Spinelli précise que les faits se
sont déroulés à onze heures moins dix.
***
A midi et demi, Vincent Martinez roule
sur la nationale 96 et aborde le carrefour de la Pomme. A ce
carrefour, un panneau « stop » impose l’arrêt aux conducteurs en
provenance de Marseille. Un coupé 304 Peugeot gris métallisé
arrive de cette direction. En dépit de la signalisation, la
voiture de M. Martinez percute de plein fouet le coupé Peugeot à
l’arrière, lui faisant effectuer un tête à queue. Le chauffeur
accélère et prend la fuite. M. Martinez ne pouvant redémarrer son
véhicule, il demande à un couple d’automobilistes de prendre en
chasse le chauffard afin de lui confirmer le numéro
d’immatriculation. A leur retour, M. Martinez réussit à repartir,
et note leur nom : M. et Mme Aubert. Il se rend à la gendarmerie
de Gréasque pour porter plainte. Il déclare que le chauffeur lui
paraissait seul à bord.
***
A cinq heures de l’après midi, M.
Rahou est devant sa maison qui se situe à deux kilomètres du
croisement de la Pomme. La colline à laquelle sa maison est
adossée est creusée de nombreuses galeries où il pratique la
culture du champignon.
Un jeune homme se présente à lui,
expliquant que sa voiture est embourbée dans une de ses galeries,
et lui demande de l’aide pour la sortir. Surpris, M. Rahou se rend
sur les lieux, et découvre un coupé Peugeot 304 gris métallisé. Le
véhicule est bel et bien coincé. Le jeune homme a bien tenté de
placer des branchages sous les roues, sans résultat. Interrogé sur
la manière dont il a coincé son véhicule, le jeune homme fournit
des explications peu convaincantes, mais devant son calme, M.
Rahou se décide à lui porter secours. La voiture est extraite par
le contremaître de la champignonnière, M. Guazzone, grâce à son
tracteur. Celui-ci relève le numéro minéralogique du coupé Peugeot
et prend congé. Le jeune homme prend le thé avec M. et Mme Rahou
puis part à son tour.
***
Au matin du 4 juin, la presse annonce
l’enlèvement de Marie-Dolorès. Apprenant la nouvelle, M. Guazzone
contacte la gendarmerie pour raconter la scène dont il a été
témoin. On lui répond sèchement que le véhicule recherché est une
Simca et non une Peugeot.
A Marseille, le commissaire central
Jacques Cubaynes est en charge de l’enquête et recueille les
premières dépositions. Le 5 juin, M. Martinez téléphone à la
gendarmerie de Gréasque. Il a appris la nouvelle de l’enlèvement
et revient sur ses premières déclarations. Selon lui, un enfant
aurait pu se trouver à bord du véhicule tamponneur. Alain Aubert
est contacté par la gendarmerie. Il raconte dans quelles
conditions il a dû prendre en chasse le coupé Peugeot. A environ
un kilomètre du carrefour, il a vu le véhicule gris immobilisé,
tandis qu’un jeune homme gravissait le talus et s’enfonçait dans
les fourrés, tirant un « paquet assez volumineux ». Il
interpelle le conducteur, lui demandant de revenir. N’ayant pas
obtenu de réponse, il était revenu au carrefour de la Pomme.
A deux heures cinq, les gendarmes
commencent une opération de ratissage dans la zone décrite par M.
Aubert. A trois heures un quart, le propriétaire du coupé Peugeot
304 est identifié. Il s’agit de Christian Ranucci, représentant de
commerce, demeurant à Nice. Cinq minutes plus tard, un indice est
découvert dans la galerie où s’était embourbé le coupé Peugeot.
Les gendarmes découvrent un pull-over rouge. A trois heures trente
cinq, un message radio est envoyé à Nice, enjoignant les services
de police de procéder à l’audition de Christian Ranucci dans le
cadre de l’enquête.
A trois heures quarante, le pull-over
rouge est donné à flairer à un chien. A trois heures quarante
cinq, un gendarme découvre un corps dissimulé dans un buisson près
de la route. Il s’agit du corps de Marie-Dolorès Rambla. A quatre
heures vingt, le maître-chien arrive sur les lieux de la
découverte du corps. Il a suivi la piste depuis la
champignonnière, et dépasse de trente mètres le buisson. Il
convient de noter qu’un chien ne peut suivre la piste d’une
personne se déplaçant dans un véhicule motorisé. Les effluves
d’essence masquent les odeurs. Le chien policier vient donc de
faire un lien entre le pull-over rouge et le corps. La personne
qui le portait a parcouru la distance qui sépare la
champignonnière du lieu du crime à pied, dans un sens ou dans
l’autre.
A quatre heures
trente, les policiers sonnent chez Madame Mathon, la mère de
Christian Ranucci.
L'enquête >> |
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